Paroles de détenus # 7

Une lecture à la Bibliothèque de Fleury

Le dernier défi,  pour donner espoir aux détenus, leur démontrer l’intérêt de leur travail et les remercier, c’est de  leur faire vivre un temps marquant, dans un cadre différent, centré sur leur écriture.

Avec la complicité et l’appui actif de l’équipe du pôle culture du SPIP , je parviens à organiser  un après-midi lecture en présence du Jury, dans le local de la bibliothèque de leur bâtiment. Une « Pause à Fleury », un moment suspendu… La veille de ce jour pas comme les autres,  nous répartissons les textes, et je propose de lire les textes de ceux qui ne souhaitent pas lire à voix haute devant tous.

Le 22 juillet, après pas mal de difficultés pour récupérer chacun dans sa cellule, et en présence de Jacques Yves Bérard et des membres du jury, je rappelle le chemin parcouru et nous commençons la lecture.

Pour une fois, chacun est valorisé, chacun gagne en dignité, chacun est positionné à l’égal de tous dans sa condition d’homme. Certains textes sont repris, lus à l’envers par Jacques Bérard pour montrer la richesse de la langue poétique. Michel Host n’est pas présent physiquement. Je lis à tous ses commentaires généraux :

« Je dois dire que la plupart de ces poèmes m’ont paru très émouvants, et pour certains très beaux, et dans chacun on trouvera sans mal quelque « bonheur de mots », quelque perle, quelque intuition supérieure, parce que l’expression poétique tend au mieux et au supérieur dans l’homme ! Classer des poèmes n’a pas grand sens, mais je le fais par nécessité pratique « 

Je suis fier de tout ce que nous sommes parvenus à faire ensemble. Fier d’eux et de mon travail auprès d’eux.

Patou, Loïc, Oumar, Johan, David, Mohamed, Todor, Alain, Bakari, Jean Pierre… je sens que chacun fait un peu partie de ma vie maintenant tout comme je fais un peu partie de la leur. La rencontre, comme toute rencontre bien réelle m’a transformé.

Bravo et merci de votre implication. Je suis convaincu que nous sommes tous sortis grandis de cette expérience. Puissiez-vous continuer à fréquenter l’écriture pour cultiver cette dignité de la parole !

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