Parole de détenus #5

Aujourd’hui, un des détenus est venu avec un cahier rempli de son écriture…

Patou K. a écrit.

Il a écrit dans sa cellule entre les séances de l’atelier, il a écrit à toute heure du jour et de la nuit, il a écrit parce que parfois ça le réveillait. Alors à la veilleuse, il a écrit pour ne pas oublier les mots qui s’imposaient à lui.

Au delà de l’écriture il témoigne de cet état de grâce mais parfois aussi de cette douleur qui accompagne l’écriture.

Aujourd’hui, il a apporté son cahier. Il veut bien  lire quelques textes  et que j’en lise moi aussi. Une écriture sincère, musicale, incantatoire, habitée de tout ce qu’un être peut donner de présence à la vie. Une écriture poétique. Quelle récompense pour le groupe, pour l’auteur et pour moi. Quelle dignité aussi.

Voici un de ses premiers textes.

Mon étoile est blessée

Elle a du mal à luire

Tes anges m’ont laissé

J’ai eu du mal à fuir

Dans mes galères je suis resté

Moi qui voulais tant partir

Mais Toi Tu as été contre mon cœur

C’est bien Toi le Seigneur

Mon étoile est blafarde

Tu m’as fait brillant

N’aimes-Tu pas cette lumière ?

Il n’y a que Toi qui soit scintillant

Sont-ils de ceux qui n’ont pas peur ?

Je n’ai reçu qu’un échantillon…

Tes étoiles sont prostrées

Elles attendent ton ordre

Ta parole est claire

Elle reflète triomphe

Un éclair victoire

Ta victoire est sûre

Une victoire éclair

Gloire à Toi si une victoire éclore

Tu es le toujours mieux victorieux.

Patou K.

En dehors des exercices un peu structurés et imposés, cette étape de l’écriture libre en cellule ouvre à chacun de nouvelles perspectives.

Pour moi, elle est la preuve attendue qu’un échange est possible, qu’il sortira bien plus de ces ateliers que ce que j’y apporte. La preuve que la rencontre a bien eu lieu, que la confiance est passée.

Je pressens aussi que cette rencontre a transformé le groupe.  L’un deux, Loïc G. me confie qu’il « est dans un drôle d’état » quand il sort de ces ateliers. Alors je leur répète que créer, c’est vivre…que se saisir de sa liberté, sa singularité, c’est la quête de toute une vie…mais qu’il faut de la persévérance,  du travail, de la sincérité.

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