15
juil/10
2

Paroles de détenus #4

Une parole intime qui parle à l’intimité de l’autre…

A chaque séance, de nouvelles lectures à voix haute. Toujours se nourrir des textes de poètes passés ou présents : Edmond JABES, Victor HUGO, Helène DORION, je m’attache à ce que mes sources soient variées.

Et au bout de 8 séances, nous pouvons écrire au tableau blanc tous les mots que nous associons à la poésie.

LIBERTE – DIGNITE – VIGILANCE – HUMANISME

ELEVER – TRANSFORMER – CRIER – RESISTER – DENONCER

UNIVERSELSINGULIER

PRENDRE SOIN - SOIGNER

Déjà, j’ai le sentiment que nous avons fait du chemin. La matière des mots, le potentiel d’expression de la poésie pour transformer ce qui vit en nous en mouvement vers l’autre. S’ajoute à cela la potentiel de fantaisie, d’invention…une autre facette de la liberté…et de la légèreté.

Je veux une vie en forme d’arête
Sur une assiette bleue
Je veux une vie en forme de chose
Au fond d’un machin tout seul
Je veux une vie en forme de sable dans des mains
En forme de pain vert ou de cruche
En forme de savate molle
En forme de faridondaine
De ramoneur ou de lilas
De terre pleine de cailloux
De coiffeur sauvage ou d’édredon fou
Je veux une vie en forme de toi
Et je l’ai, mais ça ne me suffit pas encore
Je ne suis jamais content

Boris Vian – 10/18

Je peux commencer avec eux à opposer la langue de l’attention (la poésie) à la langue de la détention, un mot qui résonne fortement ici, mais qui n’est pas à prendre au sens littéral,  qui évoque plutôt cette langue de bois, cette pensée unique et langue du marketing et des slogans publicitaires qui désenchante notre quotidien à tous.


Ils lisent leurs propres textes devant les autres, je leur fait écrire des textes collectifs. Ils sont devenus acteurs du projet. La confiance est établie. Sans pouvoir toujours exprimer ce qu’ils trouvent dans cet atelier, je commence à avoir des retours sincères et encourageants.

Lire la suite

Commentaires (1) Trackbacks (1)
  1. Yvernogeau
    17 h 41 min on 16 juillet 2010

    Dans cet univers clos qu’est la prison comment y pénétrer par la porte de la poésie , comment partager ce pain de cordialité avec d’autres , emmurés certes mais leur oeil intérieur ouvert sur l’horizon . Est-ce possible d’arriver à ce partage ?
    Merci en tout cas à Nicolas LEBEAU d’ ouvrir ce chemin de liberté avec ceux-là qui espèrent la retrouver , mots après mots , après cette escale forçée .

Laisser un commentaire